Deux articles parus dans ce qui reste de la presse écrite francophone se présentent comme des informations chargées d’alerter le public :
D’une part, il serait dangereux d’enlacer les arbres ». D’autre part, la sylvothérapie serait une arnaque médicale. Et quand bien même, la sylvothérapie ne serait rien de tout cela, c’est une honte de faire « raquer les citadins » pour des « ballades en forêts »…
Réponses apaisantes en trois temps :
1/ Dangereux d’enlacer les arbres ? Ou quand il est bon de raison garder…
* De vilains allergènes dans les mousses et lichens?
Tout d’abord, la sylvothérapie, ce n’est pas seulement entourer les arbres avec ses bras, c’est aussi par exemple marcher en foret, écouter les sons forestiers, venir s’ y (re) poser, y pratiquer des activités (ré)créatives… donc on ne touche pas forcément aux troncs et à leurs épiphytes.
Ensuite, des allergènes, il y en partout ! Sur les écorces d’arbres, mais aussi dans les cosmétiques, la nourriture, les poussières de l’air, les matelas, les poils de nos chats…. Est-ce pour cela que nous allons dormir sur le plancher et expulser de nos maisons tous les félins domestiques ? Alors pourquoi jeter l’anathème sur les arbres en particulier. Le but est-il d’informer ou d’effrayer inutilement ? Je ne saisis pas.
* Les chenilles processionnaires des pins sont une menace de mort pour ceux qui touchent les arbres ?
Là aussi, il me semble qu’on utilise une réalité (les chenilles processionnaires) pour bâtir au final une fake news. Les arbres concernés se repèrent facilement vu la présence d’énormes « nids » de chenilles forts peu accueillants. Du reste, ces chenilles passent sur le tronc une seule fois pour descendre de l’arbre et ne restent pas sur l’écorce (pas plus que leurs dangereux poils ). C’est au niveau du sol qu’il y a un risque, car les chenilles y perdent leurs poils lors de leur transformation en chrysalide. Mais personne en sylvothérapie, pour autant que je sache, n’invite à toucher les nids de chenilles ou se rouler sur le sol en dessous des pins contaminés !
* Plusieurs morts au Japon à cause du frelon géant d’Asie.
C’est un fait. Le souci est que l’auteur de l’article enchaine directement par cette question sensée faire partie de son argumentation : « Parmi eux combien de pratiquants de la sylvothérapie ? « . La question claque, bravo ! Mais le travail d’un journaliste aurait ensuite été de donner la réponse, au lieu de laisser le lecteur imaginer ce qu’il veut. Pourquoi ce manque ? Sans doute parce que le nombre est égal à zéro, ce qui n’a alors plus d’intérêt pour qui veut casser du bois sur la sylvothérapie… A cela s’ajoute que le frelon géant asiatique n’est pas le frelon asiatique qui s’invite depuis peu dans nos contrées. Les asiatiques présents en Europe nichent en hauteur dans des nids en plein air et énormes ! Tant que vous n’attaquez pas le nid, ils se fichent éperdument que vous soyez plusieurs mètres en dessous.
Quant aux frelons européens, ils nichent en effet dans les troncs, mais on les entend à 20 mètres à la ronde… qui irait se coller à leur nid ?
Reste les serpents mambas noirs eux aussi évoqués dans certains articles, mais là je remercie les auteurs de m’avoir fait rire bien que je ne sois pas certain que c’était leur but premier… pour cela ils auraient évoqué le risque d’enlèvement par un big foot ou autres espèces de yéti.
* Et les tiques…
Là, bizarrement, l’auteur ne s’engouffre que peu dans la brèche de la maladie de Lyme. Il y a pourtant là (afin!) un risque réel. Cela dit les tiques s’invitent partout, jusque dans les zones péri-urbaines. L’info à donner si on veut informer le public, mais que je ne vois relayée nulle part… c’est qu’une étude clinique allemande indique qu’appliquer plusieurs jours de suite une simple pommade antibiotique sur la zone de piqûre (après avoir ôté la tique au tire-tique) semble éviter de contracter la maladie… qui entende s’en inspire…
2/ La sylvothérapie, une arnaque médicale?
Là, c’est le Figaro qui monte au créneau avec un démontage en règle des études du Docteur Qin Li, passant pour LE spécialiste (unique) des bains de forêt au Japon. Figurez-vous que je suis tout à fait d’accord avec les scientifiques interviewés : les travaux de ce chercheur sur les effets des sorties en forêt souffrent de nombreuses faiblesses méthodologiques et doivent être confirmés par d’autres travaux. C’est ensuite que l’article dérape, car l’auteur en conclut qu’il n’existe aucun effet démontré des arbres sur la santé. Sauf que pour affirmer cela, il ignore les travaux d’un autre scientifique Japonais, le professeur Miazaki dont les études solides et publiées dans des revues référencées ne peuvent être écartées… Ce neurologiste démontre clairement que les environnements forestiers ont une action anti-stress réflexe sur le cerveau. Les liens entre stress et problèmes de santé étant avérés, crier ainsi à l’arnaque médicale supposée de la sylvothérapie est bien singulier.
3/ La sylvothérapie payante, c’est abuser de la crédulité !
Tout le monde sait chanter, et c’est gratuit. Cependant avoir un prof, ça aide à aller plus loin.
Et bien c’est pareil pour bénéficier des effets apaisants et bienfaisants des arbres : tout le monde sait se promener dans les bois, et c’est gratuit et relaxant, mais avec un guide on peut aller (encore) plus loin !
Et comme chacun est libre de se faire accompagner ou pas….
Bref et donc… si le cœur vous en dit, osez (encore) aller vous déstresser en forêt et y (re) trouver votre LIBERTE de laisser dire et de penser.